· 

Ecriture scientifique en anglais - les vertus de la concision

En anglais, les phrases courtes ont la cote !

 

Tout est dit, mais je m’explique.

 

La syntaxe française supporte les constructions complexes. Vous avez d’ailleurs peut-être le souvenir de professeurs de collège ou de lycée qui exigeaient que vous évitiez de répéter les mêmes verbes et sujets dans vos dissertations, quitte à faire bon usage de propositions subordonnées pour ajouter des détails.

 

En anglais, le fait de répéter certains sujets ou certains verbes n’est pas mal vu si cela aide à la compréhension du texte. De plus, la structure « Sujet + verbe + complément » est tout à fait acceptable car elle invite à plus de clarté. A l’inverse, le lecteur remarquera plus vite la lourdeur d’une phrase lorsque de nombreux pronoms et tournures indirectes remplacent le sujet. L’élégance du style d’écriture scientifique en anglais se situe donc souvent dans la simplicité et la concision des phrases et dans la logique implicite de l’argumentaire au sein du paragraphe.

 

Voici un exemple :

 

We must protect and restore Earth's ecosystems. Phytoplankton, coral reefs, forests, savannas, grasslands, wetlands, peatlands, soils, mangroves, and sea grasses contribute greatly to sequestration of atmospheric CO2. Marine and terrestrial plants, animals, and microorganisms play significant roles in carbon and nutrient cycling and storage. We need to quickly curtail habitat and biodiversity loss (figure 1f–1g), protecting the remaining primary and intact forests, especially those with high carbon stores and other forests with the capacity to rapidly sequester carbon (proforestation), while increasing reforestation and afforestation where appropriate at enormous scales. Although available land may be limiting in places, up to a third of emissions reductions needed by 2030 for the Paris agreement (less than 2°C) could be obtained with these natural climate solutions (Griscom et al. 2017).

 

Source : William J Ripple, Christopher Wolf, Thomas M Newsome, Phoebe Barnard, William R Moomaw, World Scientists’ Warning of a Climate Emergency, BioScience, Volume 70, Issue 1, January 2020, Pages 8–12, https://doi.org/10.1093/biosci/biz088

 

 

Lorsqu'on analyse ce paragraphe, on s’aperçoit que certaines phrases sont très simples. Ici, la première phrase cadre le propos de manière très percutante, l’enjeu étant bien de protéger et de restaurer les écosystèmes. Les deux phrases suivantes utilisent l’accumulation pour mettre en avant les sujets. Ceux-ci sont ensuite suivis d’un verbe et d’un complément d’objet informant sur leurs actions. Les auteurs se permettent ensuite d’utiliser une construction plus complexe pour expliquer comment réduire la perte de biodiversité et d’habitat, puisque plusieurs stratégies sont imbriquées. Enfin, les objectifs sont résumés dans la dernière phrase du paragraphe, avec une ouverture sur le contexte institutionnel de l’accord de Paris.

 

 

S’il est vrai que l’utilisation de constructions grammaticales plus complexes permet de dérouler une argumentation construite, savoir partager des pensées compliquées par le biais d’une écriture simple reste l’idéal. Et ça, ce n’est pas moi qui l’ait dit en premier, c’est Mark Twain, le célèbre auteur américain ! Voici ce qu’il a écrit là-dessus :

 

“I notice that you use plain, simple language, short words and brief sentences. That is the way to write English – it is the modern way and the best way. Stick to it; don’t let fluff and flowers and verbosity creep in.”

(traduction : Je remarque que vous faites usage d’un langage simple et ordinaire, de mots courts et de phrases brèves. C’est la manière d’écrire en anglais - un moyen moderne et idéal. Tenez-vous à ça ; ne laissez pas les froufrous, fleurs et verbiages s’y glisser.)

 

En tant que traductrice, je peaufine le style des phrases en anglais pour permettre à mes clients d’avoir un manuscrit qui soit publiable. Mais si les constructions françaises sont trop compliquées dès le départ, il m’est difficile d’arriver à un style épuré vu le temps imparti pour la traduction. Si vous êtes chercheur.e et que vous souhaitez publier en anglais, je vous encourage donc à réfléchir au style final de l’article, même quand vous en êtes au stade de la rédaction en français avant traduction. Ce qui pourrait vous sembler « trop simple » grammaticalement pourrait de fait s’avérer parfaitement adapté au contexte anglophone !

 

Write a comment

Comments: 0

Association professionnelle

Je suis membre titulaire de la Société française des traducteurs